A nouveau, le
livre d’images noir s’ouvre aux yeux de l’homme.
Son corps s’intègre au papier,
s’incruste dans le monde qu’il représente,
à la recherche d’une existence
oubliée.
Il a franchi la
limite. Ses paupières s’ouvrent avec avidité, curieux de
découvrir les
nouvelles images de ce temps passé et inconnu. Mais la
vision est trouble et
poussiéreuse. Ce qui se trouve devant ses yeux
est difficile à comprendre.
L’homme sent l’odeur de la mer qui flotte
au-dessus des pages du carnet. Il peine à faire
le point, à
focaliser son regard sur un détail.
Qu’est-ce qui
s’offre ici à son regard ?
C’est un bateau
échoué sur une plage grise et charbonneuse.
Mais peut-être est-ce juste le
dessin qui donne cette impression.
Comme si une image se trouvait enfouie sous
une autre, laissant des
traces, ici et là, de son existence, sans se dévoiler
tout à fait.
Il n’obtient pas de réponse.
Mais cette vision
le satisfait et lui plaît même. Elle n’a rien d’inquiétante,
au contraire. Le
bateau échoué laisse deviner les nombreuses vagues
sur lesquelles il a navigué
durant son existence, résigné aujourd’hui
avec calme à se reposer sur cette
plage. Il se dégage de cette figure
une mélancolie agréable. Cela convient à
l’homme.
Il décide alors
de marcher, d’explorer ce lieu – qui lui semble être
une île – afin d’abreuver
son regard de nouveaux paysages.
Il s’enfonce alors dans la jungle toute
proche.
En chemin, alors
qu’il marche depuis quelques heures, ses pas
avançant au rythme des oiseaux et
animaux cachés dans la végétation,
il croise un groupe de personnes, assis dans
une clairière. Leur visage lui
rappelle quelque chose.
Bien sûr. Ce sont
les guides qui l’avaient conduit précédemment dans
la ville. Ils semblent plus
sereins et silencieux ici, au sein de la nature
luxuriante. L’homme leur
demande s’il peut se joindre à eux. Ils ne
semblent pas y être opposés.
Ensemble, ils
traversent l’île par le centre, observant les éléments naturels,
s’émerveillant
de leur existence si étrange et pourtant spontanée.
Les merveilles
s’enchainent, lieu après lieu, l’homme est ravi.
C’est alors
qu’ils débouchent sur une nouvelle plage. La séparation
entre les arbres de la
forêt et le sable du rivage est nette et contrastée.
Les milliards de grains
craquent avec élégance sous les pas des marcheurs.
L’un des membres
du groupe, le premier dans la file, s’arrête. Il indique
à l’homme de regarder.
Devant la jungle et derrière un grand arbre
sans feuille se dresse une petite
habitation, construite à même le sable.
Personne ne semble y vivre et pourtant
c’est un symbole.
L’homme le comprend.
Ce séjour sur
l’île fut court mais il touche déjà à sa fin. La présence de la
maison au
milieu de cet univers entièrement naturel lui indique que
le retour à la
civilisation est proche. Il en est ainsi.
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