mardi 29 octobre 2013

Les frères Poussière



 






"Les frères Poussière étaient nés tous deux des braises d'une 
terrible bataille. Ils avaient ainsi grandi, seuls, au sein des 
débris de cette ancienne guerre. Personne ne put les élever 
sinon les corps inertes qui jonchaient cette plaine 
désertique et désolée. 
La mort était leur père, la ruine était leur mère.

Malgré tout, leur vie se mit en marche; les jours s'écoulèrent 
lentement l'un après l'autre, sans que rien ne trouble leur existence 
maussade. Cela leur convenait parfaitement; ils n'avaient de toute 
façon besoin de rien d'autre que leur lien de sang et ce désert délavé 
comme lieu de repos.

Mais un jour, une tempête vint briser cette quiétude morne. 
Elle avait un nom: l'Homme.

Une armée de pillards aux mille visage, assoiffée et affamée tomba à la 
rencontre des frères Poussière.
Abasourdis par ce violent trouble dans leur quotidien immuable, 
les jeunes enfants ne surent que faire sinon rester cois face à cette 
foule insensée qui avançait vers eux. Les brigands sans morale 
s'emparèrent de l'un des deux frères et l'égorgèrent 
d'un coup d'épée rouillée. Ils retinrent l'autre au sol, 
sans qu'il puisse se déplacer. Ensuite, ils enflammèrent 
des bouts de bois secs et firent brûler le corps du jeune 
cadavre devant les yeux de son ancien compagnon de sang, 
immobilisé au sol. L'odeur de chair brulée planait à des lieux autour 
de ce spectacle atroce. Une fois la peau de l'enfant calcinée à un 
juste niveau, ils le dévorèrent et quittèrent le lieu, relâchant l'enfant 
survivant et le laissant seul face au squelette noirci de son défunt jumeau.

Alors, l'enfant se leva, oubliant sa conscience pour suivre un 
instinct sauvage et irrépressible, et jeta les ossements de 
son frère dans le feu encore brûlant. Il resta ensuite longtemps 
debout, contemplant les flammes danser devant ses yeux et réduire 
la petite carcasse en un tas de cendre tiède. Quand le brasier eut achevé 
de répandre sa chaleur, il prit le tas entre ses doigts et l'avala 
entièrement, donnant un nouveau corps au seul être qu'il avait aimé, 
désormais mort.

C'est ainsi que naquit la légende des frères Poussière qui, depuis ce fléau, 
rasent toute terre et vie croisant leur route. 
Deux êtres en une seule entité. 
L'un vivant le jour, l'autre revenant la nuit du monde des morts 
pour incarner le corps. Deux êtres qui, sans jamais se reposer, 
répandent la ruine en ce monde et hurlent
leur vengeance pour l'éternité."




Bonus (rien que pour vous, les amis):
Un petit aperçu d'une prochaine 
bd de quelques pages !







Bruit du jour: Matt Elliott / How to Kill a Rose

mercredi 16 octobre 2013

mardi 8 octobre 2013

Quand le regard devient minéral








Je pense que les frontières entre illustration, art et bd
 n’existent plus vraiment.


J’ai souvent essayé de dissocier les différentes pratiques 
mais je me rends compte que plus j’avance et plus tout ça 
s’entremêle. Et le grand résultat de ce constat, c’est que je 
prends chaque jour de plus en plus de plaisir à dessiner.
Parce que ce qui compte, au final, c’est l’image. Dans quel 
cadre elle intervient, c’est une question secondaire. Et le dessin 
vient servir l’image, pour faire vibrer le regard et la pensée en même 
temps ; pour appuyer une narration directe et invoquer dans un 
deuxième temps une pensée indirecte et symbolique.


*


Non, sérieux les gars, avoir un crayon entre les doigts, c’est vraiment
chouette ; on est bien d’accord ?





Bruit du jour: Flower Travellin' Band / Satori (album complet) 


Ha au fait, c'est mon anniversaire aujourd'hui.