samedi 14 septembre 2013

Brazil 14/14. Au terme du voyage.





Aujourd’hui, le voyage arrive à son terme.

L’homme a parcouru toute la mémoire de ce monde, il a marché jour après jour 
entre les pages de cet énigmatique carnet noir. Il a vu et vécu au sein de ces lieux 
des choses qui l’auront transformé à jamais.

Il ne lui est pas possible de saisir la pleine signification de ce à quoi il a assisté 
ces dernières semaines. Certaines images ont donné lieu en lui à des moments de 
joie ou de sérénité qu’il n’avait jamais connu jusqu’à lors. D’autres l’ont profondément 
troublé et angoissé. Pourtant, il le sait, ce voyage fait désormais partie intégrante de lui. 
Plus rien ne pourra être comme avant désormais et, d’ailleurs, il ne le souhaiterait pas.

Mais, à présent, il tient le bloc noir entre ses mains, ouvert à la dernière page, 
il en est conscient. Le périple s’achève avec cette dernière image.

Dans un cadre noir apparait un paysage à l’atmosphère paisible.
Au milieu d’un pré de montagne, parsemé d’arbres ci et là, se dresse une petite 
maisonnée, camouflée dans ce décor naturel. Il règne un sentiment de profonde 
paix en ce lieu, l’homme le ressent.

Il lui reste un choix à faire désormais. Un choix qui va se répercuter dans son 
existence comme un raz-de-marée, modifiant le cours des choses inéluctablement. 
Mais cela n’inquiète pas l’homme. Il sait que cette étape lui est nécessaire 
pour continuer à avancer.

Il n’hésite pas. Il connaît la réponse depuis longtemps, la voie qu’il doit emprunter.

Empoignant le carnet à deux mains, il plonge la tête et saute au centre de l’image. 
Toutes ses pensées le quittent tour à tour, s’envolent hors de son corps, hors de 
son esprit, le laissant pur face à cet ultime saut dans le vide. Car à présent commence 
sa nouvelle vie au sein des images. Et il sait que ces images sont le fruit des songes 
de la jeune endormie, qu’il va pouvoir vivre perpétuellement dans ses rêves et 
vagabonder dans sa conscience. 
Une gorgée d’euphorie fait vibrer le ventre de l’homme.
Sa mémoire s’efface alors complètement. Un vent fort souffle sur ses plus anciens 
souvenirs. Ils s’échappent comme s’ils n’avaient jamais existé.

Ça y’est. Il est prêt à accueillir, l’esprit grand ouvert, sa nouvelle existence.



Le carnet tombe alors au sol et se referme, 
redevenant un bloc de matière noire inerte.


Tout disparait.



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