jeudi 24 mai 2012

Eclipse lunaire

"Depuis tout petit, je tiens un crayon dans ma main"
Il faudrait faire le chemin à l'envers. Pourquoi cette phrase est récurrente. Déjà, parce qu'elle est facile. Quoi de mieux (ou de pire au final) pour introduire un discours élogieux sur soi, pour se vendre à toi, à vous, à lui, à eux ?
Mais c'est aussi parce que l'enfance c'est pas des broutilles

On se construit l'homme futur durant l'enfance ? J'ai plutôt l'impression qu'on s'éloigne du soi en devenant adulte. En tout cas, on devient autre, à moitié. On se divise, l'un est 
le je originel tandis que l'autre est le je construit. 
Et on doit cohabiter.

Ces derniers temps, je (re)prends de plus en plus de plaisir à dessiner.
Mais quand j'y pense, j'ai surtout l'impression de retrouver une partie du plaisir que l'on a, ou en tout cas que j'ai eu, lorsque l'on est enfant et que l'on dessine.
Comme une énergie solaire.

Oui c'est ça.
Enfant, on a un Soleil dans le ventre
La main est décomplexée, elle glisse, gratte, frotte, remplit, dépasse.
C'est souvent moche mais l'important c'est pas ça. L'important, c'est le plaisir de dessiner.
Et ces derniers temps, je le retrouve un peu ce Soleil.
Il était presque éteint mais j'ai réussi à lui chuchoter des choses. 
A lui dire que je l'aimais, qu'il était beau, brillant, que je m'excusais de lui avoir fait du mal,
de l'avoir oublié.

Il m'a cru un peu. Alors, il recommence doucement à chauffer, à pétiller.
Il est gentil ce Soleil. J'espère qu'il va continuer. Qu'est-ce que je ferais sans lui ?

Devenir adulte, c'est peut-être arriver à faire vivre ce Soleil au sein de la réalité.
C'est pas facile, ils s'entendent pas très bien.








Bruit du jour: Crosby, Stills, Nash & Young / Almost Cut My Hair

lundi 14 mai 2012

Jouvence


J'ai croisé ce petit vieux dans le tram.
Il avait ce sourire triste propre aux personnes de son âge.
C'était très beau.


J'aime bien les vieux.






Bruit du jour: Herbie Hancock / Maiden Voyage

samedi 12 mai 2012

Et le mouvement fut.





 Mes bien aimés lecteurs.

Aujourd'hui, je ne vous montre pas grand chose, juste deux trucs vite fait sur flash 
(le premier, il faut cliquer sur l'image, c'est pseudo interactif).
J'espère que vous vous en contenterez, je n'ai guère beaucoup de temps pour
faire des articles constructifs en ce moment ...
Mon emploi du temps d'étudiant est pour le moins chargé.

Ne me lapidez pas sur la place publique s'il-vous-plaît.




























Bruit du jour: Jurassic 5 / Red Hot

lundi 7 mai 2012

Gogo Monster

Chers tous et toutes

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler d'un auteur que j'apprécie terriblement 
(certains pourront presque dire que je l’idolâtre), en la personne de Taiyou Matsumoto.

Oui, oui il fait des ........ mangas ! Boooouh la honte !
Sauf que non, ce n'est pas vraiment du Naruto (contre qui je n'ai au passage aucun ressentiment et qui a animé mes folles années de jeunesse) que crée ce bonhomme.

Matsumoto n'est effectivement pas un auteur comme les autres. Selon sa biographie
Wikipedia, il aurait eu l'occasion de faire un voyage en Europe étant jeune, lui permettant 
de découvrir des auteurs de BD européens tels que Moebius ou Prado.  
Je pense que ce n'est vraiment pas anodin.

Le style de Matsu est absolument génial car il le fait évoluer à chaque manga qu'il crée. Je l'apprécie particulièrement dans Gogo Monster, dont je vais parler ici, et Number Five dans lesquels il met en place une sorte de trait faussement brouillon qui donne un dynamisme époustouflant à ces dessins, tant pour les personnages que les décors. Une sorte de Nicolas de Crécy à la sauce japonaise, qui arrive à gérer tout autant, mais en restant en noir et blanc.

Ce brave homme est surtout connu pour avoir mis au monde le manga Amer Béton (Tekkon Kinkurīto pour les intimes). Mais, selon moi son plus grand chef-d’œuvre, même si je ne suis 
pas encore à bout de sa bibliographie, est Gogo Monster.
   
Pour en faire un rapide résumé, Gogo Monster raconte l'histoire de deux écoliers japonais. Yuki (à droite sur mon dessin) est un enfant bien étrange. Bien qu'ayant de bons résultats en classe, il n'a que très peu d'amis, cela étant dû au fait qu'il prétend voir des esprits, les Autres, avec à leur tête le puissant et fort Superstar. Mais tout change lorsque arrive en classe et s’assoit à coté de Yuki un nouvel élève, Makoto (à gauche). Leurs rapports sont au départ froids car Makoto tente de s’intégrer avec le reste de la classe et évite donc de trainer avec le "gamin bizarre". Mais très vite débute une forte amitié entre les deux enfants. Cependant, les choses vont commencer à devenir étranges lorsque le monde des esprits va venir se mélanger à la réalité. Ces êtres invisibles existent-ils vraiment ou Yuki est-il en train de devenir fou ?

Le schéma des protagonistes rappelle le duo Noiro/Blanco d'Amer Béton mais en fait perturbé par un troisième personnage, QI, un enfant un peu plus âgé que les deux autres, très intelligent comme l'indique son surnom et portant constamment un carton sur la tête.

L'histoire se déroule donc dans un univers enfantin mais offre des possibilités de lectures particulièrement foisonnantes. Pour tout vous dire, la première fois que j'ai lu ce manga, je n'ai absolument rien compris. Mais là n'est pas l'important selon moi. Le fait d'être plus déboussolé à la fin qu'au début de la lecture ne rend cette œuvre que plus passionnante. D'un point de vue plus pragmatique, plusieurs hypothèses peuvent exister au sortir de la lecture: une fable sur le passage de l'enfance à l’age adulte, une fiction pour traiter de la relation entre les enfants autistes et leurs camarades, un plaidoyer écologique, une critique du système scolaire japonais (avec cette redondance de phrases d'élèves anonyme sur les cours du soir). 

Je pense que c'est à la fois ces plusieurs possibilités et aucune d'entre elle. Mais je préfère ne pas choisir et savourer ce livre comme une expérience de lecture, dont je ne serais en tout cas pas ressorti indemne.

Je vous conseille donc vivement de lire cet ouvrage, ou au moins de regarder des extraits sur internet pour admirer ce trait époustouflant.





Au passage, j'en profite pour dire que je me suis beaucoup inspiré du travail de Renart pour réaliser cette chronique. Allez voir son blog, vous allez baver et ça va vous donner envie de découvrir des films ou livres cools !



Bruit du jour: Fleet Foxes / The Shrine, An Argument